Retraites : le 7 mars, le pire peut arriver !

La colère des Français est si grande après 5 journées de mobilisation inutile contre la réforme des retraites que, désormais, tout peut advenir pour faire plier l’exécutif. Tout.

Par Marcel GAY

Après deux semaines de débats houleux à l’Assemblée, après cinq journées de forte mobilisation dans la rue soutenue par un rejet massif du projet de loi par 72% de la population, que faut-il faire pour que l’exécutif comprenne enfin que sa réforme des retraites doit être retirée ? Retirée avant que le peuple, excédé, n’explose de colère, comme cela s’est produit, quelques fois, au cours de notre Histoire.

Les apparatchiks

Car ce projet de réforme est incompréhensible. Ambiguïté sur les carrières longues, sur les 1200 € de pension minimale, sur les cotisations à 43 annuités pour celles et ceux qui ont commencé à travailler tôt. Plus on nous explique, et moins on comprend ce texte, mal ficelé, mal présenté, incohérent, truffé de chiffres contradictoires. Un vrai concentré de jus de crâne d’œuf de technocrates hors sol qui n’ont strictement aucune idée de la réalité du terrain, celui du travail et de la retraite.
D’ailleurs, combien d’entre eux ont vraiment « travaillé » au cours de leur vie ? Oui, travaillé dans une usine ou dans un champ, au cul d’un patron, avec des horaires stricts, des cadences infernales et des salaires de misère ? Et, au bout du bout, une retraite de merde.
Olivier Dussopt ? Le ministre du Travail qui s’est cassé la voix pour défendre une réforme indéfendable n’est rien d’autre qu’un apparatchik, un militant politique permanent qui a fait carrière dans l’ombre du parti socialiste. Il a été élu puis ministre. Ses vieux jours sont assurés.
Gabriel Attal ? Le ministre délégué des Comptes publics est un autre superbe apparatchik qui a fait carrière, lui aussi, dans le sillage du parti socialiste. À l’Assemblée comme devant les caméras et les micros, il n’est pas avare de commentaires. Il prêche la bonne parole, fait des phrases souvent creuses, dit tout et son contraire avec un aplomb qui laisse pantois. Lui non plus n’a aucun souci à se faire pour sa retraite.

« Décaler l’âge légal, ce serait hypocrite » (Macron 2017)

Quant à Emmanuel Macron, il tient le pompon. Il a beau se gausser de la division des oppositions « sans boussole » et « totalement perdues », affirmer que cette réforme est « indispensable », il laisse la Première ministre, Elisabeth Borne et les deux ministres cités plus haut, aller au front, préférant s’occuper, lui, de politique étrangère, loin des vociférations de la populace.
A-t-il oublié ce qu’il disait pendant la campagne électorale de 2017 à propos du report de l’âge légal de départ à la retraite ?
Citons-le : « Dans les cinq ans à venir, moi, je ne propose pas de décaler l’âge de départ à la retraite. Ce n’est pas juste. Et les sacrifiés, ce sont ceux qui ont aujourd’hui autour de 60 ans. Est-ce qu’il faut reculer l’âge légal qui est aujourd’hui à 62 ans ? Je ne crois pas. Pour deux raisons : la première, c’est que je me suis engagé à ne pas le faire. C’est mieux de faire ce qu’on a dit. Parce qu’on fait une réforme beaucoup plus large, beaucoup plus profonde qui est de créer une réforme à points ». […] La deuxième raison, c’est que tant qu’on n’a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement, ce serait assez hypocrite de décaler l’âge légal. »

Les faire-valoir de la Macronie

Comment les Français peuvent-ils croire les hommes et les femmes politiques après un tel parjure ? Comment des ministres peuvent-ils défendre un texte qui propose aujourd’hui le contraire de ce qu’ils défendaient avec la même force il y a six ans ?
A moins, comme je le crois, qu’ils ne soient de simples faire-valoir de la Macronie, des carriéristes sans convictions, des mercenaires de la politique, passant d’un camp à l’autre, au gré de leurs intérêts personnels, sans aucune vergogne.
C’est peut-être pour ça que les Français les méprisent tant, qu’ils sont de plus en plus nombreux à de plus aller voter pour cette classe politique médiocre et immorale.
Pourtant, aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de mépris. Il s’agit de colère et même de rage contre l’exécutif qui s’est approprié la démocratie ; contre une poignée d’hommes et de femmes qui ne veulent pas entendre la volonté du peuple.
Après 5 journées de mobilisation digne dans toute la France, la journée du 7 mars 2023 s’annonce comme un soulèvement populaire d’une rare ampleur au cours duquel tout peut arriver.
À qui la faute ?