La grande détresse des jeunes Français

Le drame de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) au cours duquel un élève a poignardé sa prof, met en lumière, une fois encore, la terrible souffrance des enfants et des adolescents.

Ils souffrent de plus en plus, souvent en silence. La dégradation de la santé mentale des jeunes s’exprime par un mal-être qui a des conséquences sur leur vie de tous les jours et sur leur état santé. La crise sanitaire liée à la Covid-19 et les deux confinements qui en ont résulté, ont eu des effets collatéraux majeurs sur la santé psychologique des jeunes. Selon les chercheurs de l’Inserm 13% des enfants de 8 à 9 ans souffrent de troubles socio-émotionnels à la suite du confinement.
Le jeune élève de 16 ans soupçonné d’avoir poignardé sa prof d’espagnol à Saint-Jean-de-Luz était soigné après une tentative de suicide. Il aurait entendu une voix lui demandant de passer à l’acte.

Des idées noires

Les trois principaux symptômes révélés chez les élèves sont l’anxiété, la dépression et le stress. En juillet 2022, une enquête de l’institut CSA pour la mutuelle LMDE indiquait que 70% des étudiants français étaient en situation de mal-être. Inquiets sur leur propre sort, inquiets sur l’avenir de la société, ils montrent des signes dépressifs, voire des pensées suicidaires. Les causes seraient dues à leurs difficultés financières et à l’impact de la crise sanitaire.
Mais il n’y a pas que l’angoisse liée à la situation sanitaire. La crise économique, les difficultés de leurs parents dans la vie de tous les jours, les incertitudes sur l’avenir, les convulsions du monde font que les jeunes sont de plus en plus nombreux à avoir des idées noires. Avec près de 9200 décès annuels par suicide (dont 400 adolescents), la France présente un des taux de suicide les plus élevés d’Europe. Cela représente trois fois plus que les accidents de la route ! À ce chiffre, il faut ajouter environ 200.000 tentatives de suicides, en augmentation régulière selon l’Observatoire national du suicide.
Une étude de l’ARS Pays-de-Loire de janvier 2022 montre que 16,6% des ados de 17 ans présentent un syndrome dépressif de modéré à sévère. Et que les taux annuels d’hospitalisation pour tentative de suicide sont plus élevés chez les filles que chez les garçons.

« Les cicatrices biologiques »

Dans un ouvrage remarquable « Les maladies ne tombent peut-être pas du ciel » (Ed. Dunod) Cyril Tarquinio, professeur de psychologie de la santé à l’université de Lorraine, établit un lien direct entre les traumatismes de l’enfance et les maladies de l’adulte. En effet, plus un enfant/adolescent est confronté à des événements graves et blessants, plus il aura de problèmes de santé lorsqu’il sera adulte.
Ces événements peuvent être liés à des violences intra-familiales (divorces, par exemple) des incestes, des maltraitances psychologiques, le harcèlement scolaire, la guerre, les attentats, etc. qui provoquent du stress, de la détresse, des chocs psycho- traumatiques.
Les effets sont dévastateurs chez certains individus puisqu’ils s’inscrivent jusque dans nos gènes et laissent « des cicatrices biologiques ». L’organisme, dont le système immunitaire sera affaibli, aura alors plus de mal à lutter contre les agressions pathogènes extérieures.
Voilà pourquoi le mal-être des enfants et des adolescents ne doit pas être ignoré. Il en va de notre avenir à tous.