Et si le SRA expliquait la majeure partie des pathologies humaines ?

Le virus de la Covid s’attaque à tous les organes : le cœur, les poumons, l’intestin, le cerveau, les organes génitaux, etc. Le point commun entre toutes ces pathologies, c’est le système rénine-angiotensine. Explications avec Jean-Marc Sabatier.

Jean-Marc Sabatier (DR)
Jean-Marc Sabatier (DR)

Dans un article scientifique publié en avril 2020, Jean-Marc Sabatier* et ses collaborateurs ont fait une découverte fondamentale. Ils ont mis en évidence le rôle clé du système rénine-angiotensine (SRA) dans les maladies Covid.
Les scientifiques expliquent que TOUS les effets délétères associés à l’infection par le SRAS-CoV-2 chez l’homme, c’est-à-dire les troubles nerveux / maux de tête, difficulté à respirer, problèmes cardiaques, perte d’odorat (anosmie), perte de goût (agueusie), thrombose, diarrhée, dermatite, etc. dépendent de la réaction excessive du SRA induite par le SARS-CoV-2 et la carence en vitamine D.

Qu’est-ce que le SRA ?

C’est le système de régulation physiologique le plus important de notre organisme ; il contrôle les fonctions autonomes rénales, pulmonaires et cardiovasculaires. Il pilote également l’immunité innée et les divers microbiotes (dont le microbiote intestinal), et régule l’homéostasie hydrosodée. Le SRA pilote aussi le relargage de neurotransmetteurs et hormones (acétylcholine, dopamine, vasopressine, et autres) et la production de NO agissant directement sur l’activité cérébrale (actions sur l’inflammation, l’immunité et les phénomènes mnésiques). Il s’agit d’une cascade de régulation endocrinienne et enzymatique.
Ce système ubiquitaire se retrouve dans tous les organes et tissus du corps humain et particulièrement dans les poumons, reins, intestins, cœur, pancréas, glandes surrénales, cerveau, complexe hypothalamo-hypophysaire, yeux, système auditif, rate, foie, peau, testicules, utérus, ovaires, vaisseaux sanguins, ainsi que les cellules du système immunitaire « inné » (monocytes circulants, macrophages, cellules dendritiques/cellules présentatrices d’antigènes, granulocytes, mastocytes, cellules Natural Killer). Le SRA contrôle l’immunité « innée » (réponse non spécifique « immédiate » aux agents pathogènes) et les microbiotes (intestinal, buccal, vaginal).

Des pistes pour un traitement

Par conséquent, expliquent les auteurs de l’étude, « les pistes pour les traitements Covid-19 potentiels seraient : Premièrement, de pallier la carence ou insuffisance en vitamine D chez les patients, deuxièmement de cibler le système « rénine-angiotensine » afin de sélectionner (ou de concevoir) des candidat-médicaments chimiothérapeutiques efficaces.
Globalement, il apparaît clairement que le SRA et la vitamine D jouent un rôle clé dans l’infection des humains par le SARS-CoV-2 et les maladies associées Covid-19.
Ces données sont cruciales dans le domaine, car elles ont un impact direct sur les développements de médicaments et de vaccins contre ce coronavirus. » Il est notable que les inhibiteurs du SRA (vitamine D, quercétine, mélatonine, dexaméthasone, thymoquinone, etc.) pourraient parallèlement jouer un rôle central dans la prévention et/ou le traitement de diverses pathologies (maladies auto-immunes, cancer, troubles neurologiques, pré-éclampsie, etc.).

*Jean-Marc Sabatier, Directeur de recherches au CNRS et Docteur en Biologie Cellulaire et Microbiologie, HDR en Biochimie. Editeur-en-Chef des revues scientifiques internationales : « Coronaviruses » et « Infectious Disorders – Drug Targets ». Il s’exprime ici en son nom propre.